Des arbres conscients de leur taille
Lors d’une balade en forêt, il est intéressant d’observer la diversité de tailles et de diamètres des arbres qui nous entourent. L’arbre le plus haut du monde mesure 115 mètres de hauteur, il a comme nom Hypérion et c’est un Sequoia sempervirens qui se trouve dans le parc national de Redwood en Californie. La palme du diamètre le plus large revient à l’Arbre de Tule, un Taxodium mucronatum enraciné au Mexique dans l’état Oaxa : plus de 12 mètres de diamètre ! En regard de ces deux géants, les plus curieux d’entre nous peuvent légitimement se demander quelle est leur stratégie pour ne pas s’effondrer. C’est la question à laquelle les chercheurs de l’Université d’Helsinki, de l’Université de Cambridge et de l’Institut de Ressources Naturelles de Finlande (Luke) ont tenté de répondre. Ils se sont demandés de quelle manière les tiges (les troncs) des arbres réagissaient et s’adaptaient à leur propre poids, en se basant sur la théorie de la « proprioception verticale ». Cette théorie avance l’existence d’un mécanisme qui permet d’équilibrer la croissance radiale (le diamètre du tronc) en fonction de l’augmentation du poids des branches. Pour ce faire, les chercheurs ont manipulé le poids aérien d’une espèce de bouleau ainsi que sa mobilité latérale (statique ou libre), le Betula pubescens afin d’étudier la réaction de l’arbre à l’ajout de poids. Ils ont ainsi pu confirmer que l’arbre est en effet capable d’ajuster sa croissance radiale en réponse au poids ajouté. Cependant cela ne lui est possible que lorsque sa mobilité latérale est libre (qu’il n’est pas entravé dans sa croissance). Dans un deuxième temps, les chercheurs ont souhaité mettre en comparaison des arbres possédant cette capacité et des arbres en étant dépourvus. Ainsi, ils ont étudié un mutant de bouleau naturel du nom d’Elimäki. En effet, cet arbre pousse de manière verticale normale durant 3 mois puis sa tige se plie soudainement et l’arbre entier s’effondre. Pour cause, un locus (l’emplacement précis d’un gène sur le chromosome qui le porte) présent dans le génome du bouleau qui provoque chez l’arbre une instabilité mécanique et l’empêche d’ajuster correctement sa largeur à son poids croissant.
Photo: Flore Alpes
Un urodèle aveugle et coupé du monde
Pour la découverte du jour, rendons-nous au Texas, aux Etats-Unis, et plus particulièrement dans la ville de San Marcos. Autour de cette dernière se trouve tout un réseau de grottes immergées dans l’eau qui abritent certaines espèces de troglobies (des espèces qui vivent uniquement dans des grottes). Ces lieux très obscurs abritent un bon nombre d’espèces fascinantes, comme la salamandre aveugle du Texas. Cet urodèle, du nom scientifique de Eurycea rathbuni, a évolué depuis des millions d’années à l’abri des regards, mais surtout dans l’ombre et dans un environnement bien pauvre en oxygène et en nourriture. Ce mode de vie aquatique extrême a eu pour conséquence plusieurs modifications physiologiques. Par exemple, son corps a perdu toute pigmentation et est devenu, pour ainsi dire, translucide. On peut même observer le mouvement du sang dans son corps en l’observant attentivement! De plus, ses pattes se sont retrouvées atrophiées, car dans l’eau, la Salamandre aveugle du Texas n’a plus la nécessité de porter son poids. Autre caractéristique impressionnante, l’évolution a fait perdre à cet urodèle jusqu’à ses yeux, qui sont aujourd’hui deux simples taches noires, et lui a fait développer des branchies extérieures lui permettant de capter l’oxygène tout en restant dans l’eau. Grâce à l’impressionnante sensibilité de sa peau, elle arrive à intercepter les mouvements de l’eau et détecter ses proies. E.rathbuni s’est ainsi placée comme prédatrice en haut de la chaîne alimentaire dans son habitat spécifique, se nourrissant de petites crevettes. En ce qui concerne la reproduction, là aussi, la Salamandre aveugle a ses techniques. Pour reconnaître le sexe de ses congénères, elle est capable d’identifier dans l’eau une série de signaux chimiques déterminants.
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