Fin du calvaire pour les cétacés prisonniers
Février 2019, un scandale médiatique éclate: photos, vidéos et articles dénonciateurs font leur apparition sur les réseaux du monde entier. En effet, dans la baie de Sredniaïa, près de la ville de Nakhodka dans l’Extrême-Orient russe, étaient retenus en captivité 10 orques et 90 belugas sauvages. Ces cétacés furent capturés illégalement en juillet 2018 puis « parqués » dans ce qui a été rapidement baptisé « prisons à baleines ». Cela représentait un marché destiné aux delphinariums et parcs à thèmes chinois, un cétacé pouvant se vendre jusqu’à 6 millions de dollars ! Ces enclos aquatiques disposés en bordure des terres n’étaient absolument pas adaptés à une captivité à long terme et menaçaient le bien-être et la vie de mammifères. Suite au scandale, nous avons assisté à une mobilisation importante de différentes personnalités publiques (Pamela Anderson, Léonardo DiCaprio), d’associations diverses et de particuliers par le biais de pétitions. Finalement, et heureusement, la mobilisation a eu raison de cet enfer. En mars 2019, un conseil réunissant le vice-premier ministre russe Alexeï Gordieïev et les représentants russes d’une série d’institutions, dont le ministère de l’Écologie et des Ressources naturelles, le Parquet général, le Comité d’enquête a eu lieu et a abouti à l’adoption d’une décision ad hoc. Une opération de sauvetage en deux phases a alors été lancée. Dans un premier temps, les cétacés ont été déplacés au Centre d’entretien des grands animaux marins aménagé dans une des baies de l’île Rousski, près de Vladivostok, en vue d’une procédure de réadaptation. Ainsi, en novembre 2019 tous les animaux ont quitté les prisons. Dans un deuxième temps, quand ils seront à nouveau aptes à la vie sauvage, les cétacés seront relâchés dans leur milieu naturel.
Photo: Sergei Petrov
Des fourmis employées pour de la restauration naturelle
La Plaine de Crau (dans les Bouches-du-Rhône) fête bientôt son 6000ème anniversaire. Elle est colonisée par des végétaux très résistants capables de survivre à une sécheresse extrême et au mistral (un vent sec et chaud). Cet habitat particulier, la steppe, est un des seuls de ce type présent en Europe occidentale. Pour cause, c’est un habitat particulier dans lequel la végétation se compose uniquement d’herbe et n’évoluera pas, à cause des conditions climatiques trop rudes, vers la forêt. En 2009, la steppe a dû faire face à une petite catastrophe : un oléoduc souterrain s’est fissuré et environ 5 hectares de la Plaine ont été touchés par le pétrole. En 2011, une équipe de biologistes et de chercheurs a souhaité restaurer et revitaliser la steppe au moyen de solutions innovantes et fondées sur la nature. Dans un premier temps a eu lieu la reconstitution du sol couche par couche, à l’identique par rapport à avant l’incident. Ensuite, et c’est là qu’interviennent les fourmis agronomes, l’équipe s’est lancée dans la restructuration de la végétation. Pour ce faire, les biologistes ont fait appel aux « espèces ingénieures de l’écosystème » qui jouent un rôle majeur dans la reconstitution végétale du lieu. A Crau, deux espèces spécifiques de fourmis, les fourmis Messor dites les « moissonneuses », transportent les graines de plus de 70% des espèces végétales présentes. Ainsi, l’équipe a réintroduit 200 reines pour permettre la formation de nouvelles colonies, et ainsi pouvoir les utiliser comme agent de redistribution. C’’est ce qu’on appelle une ingénierie écologique, et c’est une première mondiale en tant que restauration entièrement naturelle. Les fourmis de la colonie peuvent graviter entre 10 et 30 mètres autour de la fourmilière à la recherche des graines et, sur leur trajectoire de retour, une partie des graines est oubliée et finiront par germer. De plus, les fourmis ont pour habitude de brasser le sol au niveau des nids, en remontant à la surface une partie des éléments présents en profondeurs, ce qui permettra de transformer le sol et augmentera le niveau de nutriments présents.
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